Tous les chemins mènent à Chantilly…que l'on soit puissant ou misérable

31/05/2012 - Stats étalons
Que ce soit en provenance d’une course à réclamer ou d’un handicap, que ce soit en provenance d’un hippodrome de province ou d’un hippodrome, dit parisien, tous les candidats au Prix du Jockey Club ont quelques espérances à faire valoir.

Les « réclamers », souvenir, souvenir !

Rétrospectivement, l’entourage de Saonois doit se réjouir qu’aucun bulletin de réclamation n’ait été déposé dans l’urne prévue à cet effet un certain 19 octobre 2011 à Deauville. Car à l’issue du Prix de Toupairie, un « réclamer » réservé aux apprentis et jeunes-jockeys, aucun candidat ne s’est risqué à mettre 25.000 € ou plus pour le fils de Chichicastenango. Il était monté pour la circonstance par l’apprenti, Thomas Henderson, titulaire en fin d’année de 43 succès qui lui permirent de décrocher l’étrier d’Or.

 

Saonois lors de sa victoire à réclamer en octobre 2011 à Deauville. Que de chemin parcouru... (PHOTO APRH)

 

La victoire d’un « réclamer » dans le Prix du Jockey Club s’est déjà produite en 1992 après que Polytain ait été acheté par Antonio Spanu pour la somme de 205.099 Francs (31.267 €), plus de 65.000 Francs au-delà de son taux fixé par les conditions (140.000 F soit 21.343 €).
 
Le fils de Bikala, âgé de 3 ans,  débutait le 30 mars à Maisons-Laffitte, monté par Freddy Head, 15 jours avant d’enlever un maiden à St-Cloud réservé aux apprentis et jeunes-jockeys. Il était piloté par Stéphane Coerette qui ajoutait une….4e victoire à son compteur. Sept semaines plus tard, il obtenait la consécration en enlevant le Derby cantilien après s’être classé 3e du Prix La Force (monté par William Mongil). Après avoir payé 200.000 Francs pour la supplémentation, son entourage fait appel à une étoile naissante italienne, âgée de 21 ans, Frankie Dettori qui remporte son second Derby après celui de Temporal, obtenu en Allemagne pour Bruno Schutz.
 
Polytain a été élevé par Jean-Luc Lagardère en son haras d’Ouilly, qui pour sa part, obtenait un 4e succès après ceux de Reliance et de Rheffic et même celui de Top Ville.
 
Notes : Chichicastenango est le père du vainqueur 2008, Vision d’Etat, un poulain entraîné dans la Sarthe par Eric Libaud.
 
 
Bikala gagnera le Prix du Jockey-Club 1981 sous la selle de l'apprenti Serge Gorli après avoir enlevé un handicap ici à Longchamp, et avant de devenir un étalon décevant mais tout de même père de Polytain, lauréat du Jockey-Club dans la foulée d'une acquisition à réclamer.
 
 
Les handicaps ont aussi leur vainqueur
 
Gregorian, le fils de Clodovil, propriété de la Princesse Haya de Jordanie s’est imposé dans un handicap à Newbury sur 1.400 m. juste avant de terminer à la 5e place de notre Poule d’Essai.
 
Depuis 60 ans, un seul vainqueur de notre Derby a bifurqué sur les groupes après s’être imposé dans un handicap. Couru sur 1.850 m. en avril 1981 à Longchamp, le Prix du Bel Air a été remporté par Bikala (le frère d’Assert), pensionnaire de Patrick Biancone et monté par le jeune Serge Gorli portant les couleurs de Jules Ouaki.
 
Les hippodromes de province ont aussi leur utilité
Pour preuve, certains candidats et surtout certains vainqueurs ont débuté et ont ouvert leur palmarès en province aux quatre coins de l’hexagone.
 
Les prétendants de cette année :
  • Le palois, Hard Dream (Oasis Dream) a débuté à Toulouse à 2 ans puis a perdu son statut de maiden à Bordeaux à 3 ans.
  • French Fifteen (Turtle Bowl) a débuté à Chantilly puis a ouvert son palmarès tout d’abord à Wissembourg (comme une certaine Danedream) puis a confirmé à Chateaubriant, au Lion d’Angers et à Craon, toutes ces sorties à 2 ans.
  • Silver Northern (Voix du Nord), le pensionnaire de Dominique Chenu (installé à Moulins), s’est imposé à Lyon dès sa seconde sortie à 2 ans.
  • Valdo Bere (Hurricane Cat), en pension chez Etienne Leenders dans le Maine et Loire (le préparateur de Chriseti), a débuté à Chateaubriant en mai de ses 2 ans, puis s’est imposé sur la fibré de Pornichet.
  • Saonois (Chichicastenango) a débuté dans le Centre-Est (Lyon-Parilly et Aix les Bains) avant d’ouvrir son palmarès à Deauville.
  • Sir Jade (Gentlewave) a débuté à 2 ans à Lyon la Soie puis à Salon de Provence. Il venait tout juste de prendre 3 ans quand il ouvre son palmarès à Cagnes où il passera l’hiver.

 

French Fifteen, avant d'aligner les exploits à Paris et en Angleterre, avant gagné sa 1e course à Wissembourg puis son 1e grand prix à Craon, lors du Critérium de l'Ouest (Listed).

 

 
Les vainqueurs étant passés par la « case » province

  • Le Havre (Noverre) s’était imposé dès sa première sortie à 2 ans à Clairefontaine (2008).
  • Vision d’Etat (Chichicastenango) avait débuté victorieusement aux Sables d’Olonne à 2 ans (2007).
  • Darsi (Polish Precedent) avait ouvert son palmarès par 6 longueurs en octobre de ses 2 ans à Lyon Parilly (2005).
  • Shamardal (Giant’s Causeway) et Celtic Swing (Damister) ont débuté victorieusement à Ayr (2004 et 1994), un hippodrome anglais qui n’est pas un des plus recherchés.
  • Sanglamore (Sharpen Up) avait débuté à Leicester à 2 ans (1989) puis s’était imposé à Nottingham à 3 ans.
  • Policeman (Riverman) avait fait le meeting hivernal de Cagnes (1980) en enlevant deux épreuves.
  • Sassafras (Sheshoon) avait débuté victorieusement à 2 ans à Vichy (1969).
  • Nelcius (Tenarèze) avait débuté à 2 ans (1965) à Bordeaux puis s’était imposé dans le Critérium des Landes (Prix Louis Bedout) en octobre à Mont de Marsan.
Les invaincus
 
Le fils de King’s Best, Kesampour, débarque à Chantilly auréolé de 4 victoires en autant de sorties. Deux succès à 2 ans puis 2 autres cette année dont le Prix Greffulhe (Gr.2)  font de lui un possible vainqueur malgré le fait que ses victoires aient été toutes obtenues à main gauche, c'est-à-dire sur l’hippodrome du Val d’Or.
La casaque du Prince Aga Khan a déjà été à l’honneur dans ce cas de figure avec Dalakhani en 2003 qui était arrivé invaincu. Il est reparti avec les lauriers après s’être imposé également dans le Prix Greffulhe mais couru à Longchamp. Pour les mêmes couleurs, Mouktar et Natroun en avaient fait de même.
 
 
Vision d'Etat est arrivé invaincu au départ du Prix du Jockey-Club.

 
Pour sa part, Darshaan avait remporté toutes ses sorties, y compris le Prix Greffulhe à Longchamp, à l’exception de celle de ses tous débuts, le Prix de Villebon terminant loin et bon dernier de 5 partants qui n’ont pas marqué l’histoire des courses.
 
Alain de Royer-Dupré est le tenant du titre avec Reliable Man, lui aussi arrivé invaincu, tout comme Vision d’Etat, entraîné par son ancien stagiaire, Eric Libaud.
 
L’impasse sur des débuts à 2 ans

Le pensionnaire d’André Fabre, Saint Baudolino (Pivotal), a fait impression à l’issue d’un Prix de Guiche (Gr.3) quelque peu mouvementé à Chantilly. Il n’a débuté sa carrière qu’au mois de mars dernier sur la toute nouvelle piste en sable de l’hippodrome des Condés.
Certains vainqueurs du Derby cantilien n’avaient pas couru à 2 ans également. Les plus récents étant Reliable Man, Sulamani, les deux frères Dream Well et Hernando, Polytain, Natroun, Policeman et plus loin dans le temps, Tapalqué et Reliance.
 
Les provinciaux en nombre
Il n’y avait jamais eu autant de chevaux en provenance d’entraînement basé en province. A la date du partant probable, ils sont six à vouloir obtenir le graal.
La province a enlevé deux victoires consécutives avec le sarthois Vision d’Etat en 2008 et le palois Le Havre en 2009.
Ajoutons une 3e victoire provinciale en 1966 avec Nelcius, qui est arrivé dans les boxes de Miguel Clément (le père de Nicolas a qui est associé French Fifteen) après sa seconde place du Prix de Guiche disputé en avril. Propriété de Paul Duboscq, il était entraîné depuis ses débuts par Marcel Margot basé dans le Bordelais.
 
Les inédits de l’année et les maidens.
  • Le pensionnaire de Brian Meehan, Most Improved (Lawman, vainqueur de l’épreuve en 2007) n’a pas reparu en course publique depuis sa 3e place des Dewhurst St. (Gr.1), le 8 octobre 2011 devancé par Parish Hall (pensionnaire de Jim Bolger, qui n’a pas recouru depuis lui non plus) et un certain Power, le vainqueur des Guinées irlandaises le week-end dernier pour Aidan O’Brien.
 
Après guerre, je n’ai pas trouvé trace d’un vainqueur faisant une rentrée à cette époque de l’année...
  • Robert Collet, présente Hidden Flame, un fils de Barathea (fils de Sadler’s Wells, second de l’édition 1984) qui n’a pas encore trouvé le chemin de la victoire. Deux sorties au mois d’avril sur 1.600 m. à Longchamp dont une place au pied du podium, devancé par Veneto, un montois futur second de la Poule, c’est le constat d’un gros coup de poker.
Toujours depuis la même époque, il n’existe pas de maiden ayant inscrit son nom au palmarès du Derby cantilien. Mais Nymbio (Mme L. Volterra), a terminé second de Rheffic en 1971
 
Les acteurs sont présentés, il ne reste plus qu’à jouer la pièce.
 
Update : Le Derby d’Epsom n’a réuni que 9 partants cette année, soit le plus petit nombre depuis au moins l’après-guerre !
 
 
 

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