Mathieu Masounave, la 1ère victoire en obstacle du "Raymond Poulidor" des éleveurs béarnais

12/12/2024 - Focus Elevage
Jeune éleveur implanté du côté de Mialos, dans les Pyrénées-Atlantiques, Mathieu Masounave a connu une très belle saison 2024 grâce à ses produits "maison", emmenés notamment par les Anglo-Arabes Zebedy, Aslan et Winnx, cette dernière s'étant d'ailleurs imposée dimanche dernier sur les haies de Mont-de-Marsan, la première de son éleveur dans ce registre, après plusieurs places de décrochées, et notamment des deuxièmes. Rencontre.

Mathieu Masounave, jeune éleveur béarnais ayant obtenu, dimanche 08 décembre 2024, sa toute première victoire en obstacle grâce à l'Anglo-Arabe Winnx, représentant les couleurs et l'entraînement palois de Caroline Bonin (© Aidan Gabard)

 

S'il fallait faire une analogie avec le monde du cyclisme, on pourrait dire que Mathieu Masounave a quelque chose en lui de Raymond Poulidor. Peut être pas des quadriceps ni des mollets lui permettant de grimper le Mont Ventoux et le Tourmalet à la vitesse du vent. Mais plutôt dans sa propension à avoir lui aussi incarné "l'Éternel Second" en qualité d'éleveur au cours de cette année 2024. En effet, en l'espace de 43 courses, l'homme à la tête d'une structure d'une vingtaine d'hectares, nichée sur la commune de Mialos, dans les Pyrénées-Atlantiques, au nord de Pau, a vu ses élèves décrocher 33 places... dont 15 deuxièmes places !

 

Winnx, ici lors de l'édition 2024 du Grand Prix des Anglo-Arabes, à ParisLongchamp, duquel elle s'était classée excellente deuxième (© APRH)

 

Un rien "malchanceux" d'une certaine manière, mais tout aussi accessible, bûcheur et méritant que le champion susnommé, Mathieu Masounave a néanmoins eu l'immense bonheur de (re)danser avec la victoire le dimanche 08 décembre dernier, au travers du succès de l'Anglo-Arabe Winnx et Mickaël Mingant sur les haies de Mont-de-Marsan. Vite en tête, cette représentante de la casaque et de l'entraînement de Caroline Bonin, a accéléré en progression depuis le dernier passage en face, avant de se montrer intraîtable dans l'ultime ligne droite, pour finalement l'emporter avec une réelle autorité. La deuxième place a été prise par Jade de Lagarde (No Risk At All), six longueurs plus loin, et la troisième par Iseult du Pacs (Frisson du Pecos), encore une longueur plus en retrait.

 

Mathieu Masounave, à la tête d'Entree de Jeu, lors de la matinée Portes Ouvertes du Haras de Gelos, en 2023

 

Ravi de cette nouvelle victoire de sa jument, qui a aussi brillé en plat l'an dernier, à Cazaubon, Mathieu Masounave a commenté: "C'est ma première victoire en obstacle ! Même si je suis beaucoup plus attiré par le plat, je suis très content d'avoir réussi à gagner dans cette discipline. Surtout grâce à Winnx, qui a réalisé une superbe saison. L'histoire est d'autant plus belle que la jument revient de loin. De très loin même ! À 2 ans, elle a contracté un champignon dans une poche gutturale. Plusieurs options se présentaient à moi: ou l'euthanasier, ou recourir à une opération pour lui poser des stents, ou une autre pour lui ligaturer une carotide. J'ai donc opté pour la troisième, sachant que cela lui sauverait peut être la vie, mais qu'elle ne pourrait jamais courir. Sauf qu'elle n'a jamais gardé de séquelles de cette opération, et, avec la temps, la voyant galoper "plein gaz" dans le pré, je me suis dit qu'il fallait peut être essayer en course".

 

Aslan (côté corde), autre élève Anglo-Arabe de Mathieu Masounave, qui a notamment terminé deuxième cette année du Prix Thalian - Critérium d'Été des 37.5%, à Mont-de-Marsan

 

À raison d'ailleurs, car outre ses deux succès cités plus haut, Winnx compte aussi 22 places... sur les 27 courses auxquelles elle a pris part à ce jour ! Des places comportant notamment des accessits, obtenus qui plus est dans des épreuves de prestige pour les Anglo-Arabes à 12.5%, comme le Grand Prix des Anglo-Arabes, à ParisLongchamp, ainsi que dans les Prix Alfred Fremiot - Trophée Marquise de Moratalla et Château de Chantegrive, à La Teste-de-Buch. Mathieu Masounave ajoute: "Avec ce qui lui est arrivée jeune, il est normal qu'elle ait mis un peu de temps à s'enclencher en course. Mais depuis l'été de ses 4 ans, elle ne cesse de nous faire plaisir. Winnx répond présente à toutes les courses auxquelles elle participe. Je crois d'ailleurs que c'est l'Anglo-Arabe qui a le plus couru ces deux dernières saisons. C'est vraiment génial de partager tout cela entre amis, avec Caroline Bonin et son équipe que je connais depuis qu'elle est arrivée sur Pau, il y a sept ans maintenant".

 

Mathieu Masounave, à la tête de "sa" championne Zamindy, après sa victoire dans le Prix Caroline de Freycinet, à Tarbes, en 2015. Un succès savouré aux côtés de son grand ami Alexandre Lartigau, ainsi que du top-jockey d'obstacle Bertrand Lestrade

 

Outre l'amitié, la famille est aussi au centre de cette histoire, Mathieu Masounave ayant élevé Winnx aux côtés de son père, Joël, avec qui il a créé lui-même sa propre souche Anglo-Arabe, à partir d'une jument pur-sang qu'ils avaient récupérée. Mathieu Masounave explique: "Mon père et moi nous sommes lancés dans l'élevage avec Sauvageonne (Neverneyev), qui nous avaient été donnée par mes anciens employeurs, Chantal & Jean-Luc Laval. Elle est tout d'abord allée au champion pur-sang arabe Tidjani (Flipper), qui nous a donné Milady du Pradey, que j'ai montée en course, et qui est ensuite devenue la mère de plusieurs vainqueurs. Notamment de Therus (Racinger), qui avait réussi à gagner le Prix du Ministère de l'Agriculture à 12.5% en 2016, Zamindy (Zamouncho), qui avait remporté trois courses chez Arnaud Chaillé-Chaillé, dont le Prix Caroline de Freycinet à Tarbes, et Carmila (Carghese des Landes), une placée du Prix d'Essai et du Grand Prix des Pouliches à 37.5%, qui est devenue la mère de Winnx, sur un croisement avec Cat Junior (Storm Cat)".

 

Zebedy, autre très bon Anglo-Arabe de course né et élevé chez Mathieu Masounave, dans les Pyrénées-Atlantiques

 

Il ajoute: "Carmila est aussi la mère d'Aslan (Frisson du Pecos), qui a terminé ou bien deuxième ou bien troisième cette saison, chez Simone Brogi, notamment dans le Prix du Ministère de l'Agriculture, le Prix Thalian et le Critérium des Jeunes à 37.5%. Son cousin Zebedy (Taj Mahal), par Zamindy, m'a lui aussi fait très plaisir cette année en réussissant à gagner le Prix Velox à Mont-de-Marsan et en se plaçant deuxième du Prix du Ministère de l'Agriculture à 12.5%, battu de très peu pour la victoire. Il est clair que j'aurai préféré gagner ! (rires) Mais j'ai la chance de vivre tout ça avec un autre de mes bons amis, Alexandre Lartigau, avec qui j'ai déjà partagé de très bons moments avec Therus, qui défendait la casaque de son père, Jean-Michel".

 

Mathieu Masounave, ici avec Clint Is Wood (Ivawood), petit frère de Winnx, quatrième de la section des mâles et hongres à 25% du Grand Show Anglo Course 2024

 

Passionné par les chevaux et l'élevage depuis toujours, ancien "pensionnaire" de l'AFASEC ayant monté en course, notamment une petite centaine de gagnants, la plupart pour François Rohaut, Mathieu Masounave veille aujourd'hui sur un cheptel composé aussi bien de chevaux Anglo-Arabes que pur-sang anglais. Il détaille: "En tant qu'éleveur, j'ai aussi eu le plaisir de remporter des courses grâce à des pur-sang de plat comme Joey Up (Whipper), Wedream (Whipper) ou encore Imperial Scam (Whipper). En plus des Anglo-Arabes, j'ai aussi quelques juments pur-sang à l'élevage, notamment Bandariva (Stormy River) et Idylle du Seuil (Gris de Gris), qui ont couru chez Caroline Bonin, ainsi que Valentina Yes (Sinndar), qui appartenait à Gilles Lorenzi. Je possède actuellement une vingtaine d'hectares, et pense pouvoir en récupérer dix autres supplémentaires dans les mois à venir. J'ai actuellement une dizaine de boxes, avec cinq autres en construction, ainsi qu'un rond de longe pour préparer les poulains pour les ventes et/ou le Grand Show Anglo Course. Mon rêve serait d'accroître encore un peu plus mon effectif, et pourquoi pas de stationner un étalon sur place. Mais aussi, et surtout, de continuer à élever des gagnants. Plus de gagnants. Et un peu moins de "seconds"... Si possible ! (rires)".

 

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